Cyclistes: à quand la fin de l’impunité?

Pour notre chroniqueur Philippe Kottelat, le code de la route devrait s’appliquer à tous les usagers.Y compris les très choyés cyclistes lausannois.

  • © Valdemar VERISSIMO

    © Valdemar VERISSIMO

«Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette…» Les anciens se souviendront. C’était en 1968. Comme un air de révolution soufflait sur la France. Yves Montand était amoureux de Paulette et une jeune génération en quête de liberté retrouvait les plaisirs du vélo, alors que les voitures et les deux-roues moteur, déjà, envahissaient les artères de nos villes. La suite, on la connaît. Le vélo n’a jamais vraiment disparu, mais il est resté essentiellement cantonné au domaine sportif ou de loisirs.

Cinquante ans plus tard, une crise climatique sans précédent doublée d’une pandémie qui ne l’est pas moins, la bicyclette chère à Montand a toutefois repris du galon. Comme moyen de transport cette fois. L’année dernière, plus d’un demi-million de vélos ont ainsi été vendus dans notre pays et la mode est à la pose de pistes cyclables sur nos routes, à la campagne comme dans les villes. Vélos en libre-service, vélos-cargo dans lesquels on entasse les mômes, vélos à assistance électrique - je ne parle pas ici des pseudo vélos à plaques jaunes des bobos qui se prennent pour Lance Armstrong ou Primoz Rogličc!!! -, la petite reine est partout! A la mode, rapide, efficace, et bonne pour la santé, elle donne des ailes à beaucoup.

C’est bien! Reste à mesurer ses effets négatifs, surtout en ville. Pour cela, rien de plus simple! Aux heures de pointe, prenez votre voiture, ou votre vélo - j’en fait personnellement depuis près de 40 ans - ou installez-vous simplement sur une artère où il y des feux, et observez les scènes qui s’offrent à vous! Place Saint-François, beaucoup de voitures et une multitude de vélos qui zigzaguent entre elles, ne respectant aucune règle de circulation. Avenue d’Echallens, plusieurs feux sur toute sa longueur. Au rouge, un cycliste sur dix s’arrête, les autres passent. Idem du côté d’Ouchy. Pire, à certains carrefours, beaucoup n’hésitent tout simplement pas à monter sur le trottoir avant le feu pour… emprunter le passage pour piétons afin d’éviter de devoir s’arrêter. Très souvent, des piétons voient des cyclistes surgir à toute vitesse et ont à peine le temps de s’écarter pour les laisser passer. Cela sans compter les rues prises à contre-sens, les cyclistes qui roulent sans feux la nuit tombée ou ceux qui préfèrent le faire côte-à-côte, un des deux ne circulant pas sur la piste cyclable, mais au milieu de la chaussée!

A Lausanne, ces scènes sont quotidiennes. Que fait la police? Rien! Jamais vu personnellement un gendarme verbaliser un cycliste fautif. Ou, si c’est le cas, ce doit être fort rare en comparaison de ce qu’on peut observer chaque jour en ville. Jouiraient-ils dès lors d’une forme de complaisance politique de bon aloi? Difficile à croire. Alors?

Le code de la route s’applique à tous les usagers. Le Bureau de Prévention des Accidents (BPA) a récemment rappelé qu’en Suisse, les cyclistes qui ne le respectaient pas, sont chaque année à l’origine de 200 collisions provoquant des blessures graves ou des décès. A quand donc une bonne campagne d’information ou de sensibilisation? Et, surtout, à quand, à Lausanne, la fin de l’impunité?