La nouvelle lutte des classes

CHRONIQUE SATIRIQUE - Et si la lutte des classes faisait désormais rage au sein de la gauche?

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La gauche est en train de réinventer la lutte des classes. Pas celle entre l’affreux capital et les masses laborieuses, qui malgré ses excès a su obtenir à bien des damnés de la terre un brin de progrès social, mais celle qui fait aujourd’hui rage dans ses propres rangs, entre deux franges qui décidément ne se comprennent plus: la frange bobo, que l’on appelait gauche caviar il y a encore 20 ans et qui a fait du service aux minorités le b.a.-ba de son action politique et la frange réaliste, plus au fait des difficultés que traverse la plèbe d’aujourd’hui et qui commence sérieusement à s’inquiéter pour son avenir politique. Deux voix lausannoises averties, Benoît Gaillard et Pierre-Yves Maillard se sont d’ailleurs récemment fait entendre dans les colonnes du Temps pour rappeler à quel point il était important que la gauche revienne à ses fondamentaux.

A Lausanne, la Rue des Echelettes incarne à elle seule cette nouvelle lutte des classes. On y retrouve d’un côté des personnes auxquelles Lausanne Cités a donné la parole - souvent de modestes retraités – qui, suite à l’aménagement de la place de jeux se plaignent preuves à l’appui, des insupportables nuisances sonores qu’elle subissent tout au long de la journée. De l’autre, il y a les personnes – des couples avec de jeunes enfants - qui citées quelques jours plus tard par notre estimé confrère 24 heures, décrètent qu’il n’y a aucun problème dans cette rue et qu’après tout «un peu de nuisance vaut mieux que le bruit des voitures». Au summum de la pensée binaire et exclusive - soit le bruit de la voiture soit celui des marmots-, des Lausannois d’en haut dénient donc à des Lausannois d’en bas le droit de souffrir et d’exprimer cette souffrance, au nom de leur propre bien-être et de leur supériorité idéologique. Oui, la lutte des classes est bel et bien de retour, et elle est au sein de la gauche.