La Grève du Climat souhaite bloquer tous les nouveaux projets immobiliers à Lausanne

FRONDE • La section vaudoise de la Grève du Climat tape du poing sur la table. Elle exige «l’arrêt total des constructions et du béton» et invite les Lausannois, et plus largement les Vaudois, à multiplier massivement les oppositions contre les nouveaux projets immobiliers. Entretien avec Loris Socchi, porte-parole et membre de la Grève du Climat Vaud.

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Lausanne Cités: Votre mouvement a décidé de s’opposer à tous les projets immobiliers prévus sur sol vaudois, pourquoi?

Loris Socchi: Car malgré l’urgence écologique en cours l’Etat et les entreprises ne font rien pour y répondre correctement. Etant donné que le secteur du bâtiment représente un quart des émissions en Suisse et que nous avons un droit à nous opposer aux projets immobiliers, nous le faisons.

La population vaudoise devrait passer de 823'000 à la fin 2021 à un million en 2044, quelle est votre solution pour loger ces nouveaux habitants?

Déjà, l’augmentation de la population vaudoise dépendra beaucoup de la situation environnementale. Avant 2044, avec le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, nous subirons des nouvelles pandémies, des canicules mortelles ou des famines. Ensuite, nous avons déjà suffisamment de bâtiments pour accueillir toutes ces personnes. Il faut rénover, occuper les immeubles vides, et changer l’affectation de certains bâtiments qui sont mal utilisés ou qui servent actuellement à des entreprises polluantes. S’il est malgré tout nécessaire de construire quand même, il faut le faire sur un terrain déjà artificialisé et avec des matériaux bio-sourcés (bois, pierre, terre-paille).

Si les projets immobiliers devaient s’arrêter, cela provoquerait rapidement une hausse des loyers et les plus précaires seraient les plus impactés, vous en avez conscience?

Déjà, je n’aime pas le ton de cette question. C’est en mode «Vous êtes cons si vous n’avez pas pensé à ça», or la question est factuellement fausse. Actuellement l’immobilier participe à l’augmentation du prix du terrain constructible et du bâtiment. En 2016, les maisons individuelles représentaient 57 % des habitations et depuis 2000, 68 % des bâtiments construits sont des maisons individuelles alors que seulement 28 % de la population y vit. La surface d’habitation est aussi passée de 39 à 45 m2 en quinze ans. La gentrification détruit des quartiers sociaux pour reconstruire des logements plus chers. Ce n’est pas en construisant plus que l’on crée des logements sociaux. Au contraire avec la gentrification, on éloigne les logements abordables des centres villes rendant la vie citadine encore plus inégalitaire. Pour développer les logements sociaux, il faut une politique sociale plus forte. Communaliser les bâtiments, par exemple, et arrêter de mettre le profit d’entreprises bourgeoises, comme Bernard Nicod, avant le droit au logement pour tous.

Y a-t-il une volonté de radicaliser votre démarche?

Pas pour le moment. Mais nous soutenons fortement les groupes, individus ou mouvements qui utilisent des méthodes plurielles pour lutter contre l’immobilier.

Vous dites ne plus faire confiance à l’Etat, pourquoi?

Parce que l’Etat est en train de nous condamner en participant activement aux crises écologiques telles que l’effondrement de la biodiversité et aux dérèglements climatiques. Il ne prend aucune mesure réelle pour empêcher ça. En même temps, comment pourrait-il faire autrement? Ce système est mis en place pour que les changements soient très lents ou impossibles.