La flambée des prix provoque une hausse des vols à l’étalage à Lausanne

INFRACTIONS • Dans les commerces de la capitale vaudoise, le chapardage ne connait pas la crise. Ce phénomène inquiétant, surtout lié à l’inflation, se double d’une nouveauté: le vol de certains produits de première nécessité comme les pâtes ou le riz.

  • Les cosmétiques font toujours partie des produits les plus recherchés par les voleurs. 123RF

    Les cosmétiques font toujours partie des produits les plus recherchés par les voleurs. 123RF

Ce n’est pas encore un raz-de-marée, mais la recrudescence des vols à l’étalage est déjà arrivée aux oreilles de la police lausannoise comme nous le confirme son porte-parole, Sébastien Jost: «Une tendance à la hausse semble se dessiner.» Gérant d’une petite épicerie située dans l’hypercentre, Manuel* est quotidiennement confronté à ces larcins commis par une partie de sa clientèle: «Depuis le début de cette année, c’est devenu insupportable, je suis obligé de surveiller chaque personne qui rentre dans mon magasin d’alimentation car on me vole plusieurs produits par semaine. Avant, c’était vraiment beaucoup plus rare.»

Le poids de l’inflation

Le gérant le confie sans ambages, il ne dépose jamais plainte quand il prend un voleur la main dans le sac. Il se contente de le réprimander en essayant de comprendre la raison de son méfait: «Ils me disent presque tous qu’à cause de l’inflation, ils n’arrivent plus à se payer de quoi manger, cela me fait mal au cœur alors, après avoir récupéré les produits qu’ils ont essayé de me voler, je les laisse repartir sans en informer la police.»

Si elle est restée à un niveau moindre que chez nos voisins (lire encadré), l’inflation a tout de même atteint, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), 2,8 % en Suisse en 2022. Ce renchérissement impacte d’abord ceux qui disposaient déjà d’un budget serré: «Avant les gens volaient des lames de rasoirs et des bouteilles de champagne, maintenant ils piquent du fromage, des pâtes, du riz, du pain et parfois des produits cosmétiques, confie ce responsable de la sécurité d’un magasin d’alimentation lausannois. Cela se voit, ils fauchent surtout pour pouvoir se nourrir, c’est triste de constater cela dans un pays riche comme le nôtre. Depuis le début de l’année, les vols à l’étalage ont augmenté de 14 % dans nos rayons, on doit donc redoubler de vigilance.»

Constat nuancé des grands distributeurs

Du côté des responsables de la grande distribution, on préfère calmer le jeu. «Nous n’observons pas d’augmentation des vols, note Tristan Cerf, porte-parole de Migros. La branche parle en général de 1 % du chiffre d’affaire qui est globalement et annuellement volé, un chiffre stable depuis de nombreuses années.» A la tête du service médias de Coop, Rebecca Veiga tient à rappeler: «La grande majorité de nos clients sont honnêtes.» Même son de cloche chez Landi où Ramona Cattaneo précise: «Nos magasins sont eux aussi régulièrement victimes de vols à l’étalage isolés, mais nous ne constatons toutefois pas d’augmentation.» Chez Manor, par contre, la porte-parole Claire Freudenberger relève que «les vols organisés ont augmenté dans le canton de Vaud.»

*prénom fictif, identité connue de la rédaction

Une hausse nettement plus inquiétante en France

Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur français, les vols à l’étalage ont explosé de près de 15 % en 2022 dans l’Hexagone. Ils suivent ainsi la même courbe que celle des prix des produits alimentaires qui y ont en moyenne augmenté de 13,3 % l’an dernier, avec des pics spectaculaires pour les pâtes (+40 %), les légumes frais (+34 %) et les produits laitiers (+15 %). En outre, selon la radio RTL qui a enquêté sur cette tendance, de plus en plus de Français se disent contraints de «voler par nécessité». Ce serait dans les grandes surfaces que ce phénomène prendrait le plus d’ampleur.