Le week-end, notamment, ces lieux finissent alors par devenir de véritables poubelles à ciel ouvert une fois leurs «hôtes» rentrés chez eux. Des photos prises à l’aube le samedi ou encore le dimanche montrent des scènes de désolation: bouteilles vides, gobelets en plastique, sacs de charbon éventrés, mégots de cigarettes et autres restes de nourriture jonchent le sol. L’été dernier, le spectacle fut affligeant. Lausanne Cités en a abondamment parlé.
L’abandon sauvage de déchets sur l’espace public n’est pas un phénomène nouveau. Mais il a clairement pris de l’ampleur. Il va bien au-delà de la simple élimination des déchets en tant que telle, d’autant que les poubelles et autres équipements ad hoc sont généralement disponibles en suffisance dans l’espace public. Le fait que les détritus ne sont tout simplement plus jetés là où ils le devraient relève avant tout d’une problématique sociale. Et la régler n’est pas chose facile.
A Lausanne, face à l’indignation de la population, et après avoir tenté la prévention, la Municipalité a finalement décidé d’opter pour la répression. Quelque 1300 amendes pour littering ont été délivrées de janvier à août 2021 pour un montant total de plus de 200’000 francs. Un tour de vis nécessaire qui a permis de juguler le phénomène, mais pas de le stopper complètement.
Sous peu, ces comportements inacceptables vont, à coup sûr, reprendre. Y aurait-il dès lors une méthode autre que la répression pour en venir à bout? La commune de Préverenges pense que oui. Confrontée à l’afflux de baigneurs lors des beaux jours, elle a décidé de faire front avec une mesure plutôt iconoclaste: supprimer les poubelles en misant sur le civisme des adeptes du pique-nique. «Le début de saison sera normal avec des poubelles grosses et moches, mais le 13 juillet, nous les enlèverons», a expliqué Alain Garraux, municipal en charge des Espaces verts et de la Voirie. «Et elles ne reviendront pas du tout en 2023».
Un pari osé, et un peu idéaliste, mais pas si bête que cela si on se réfère à ce qui est d’usage en montagne notamment. Tant il est vrai aussi que la lutte contre les déchets sauvages est une activité pluridisciplinaire qui doit tendre à un mélange équilibré entre différentes mesures complémentaires. Les deux mois sans poubelles à Préverenges auront donc valeur de test. Et pourraient peut-être devenir un exemple à Lausanne aussi, pourquoi pas!