Précarité : de la parole aux actes!

URGENCE SOCIALE • Au vu de l’enchaînement de certains événements qui se sont déroulés ces derniers jours, c’est incontestable: le torchon brûle entre les milieux de défense des personnes précarisées et les autorités cantonales vaudoises, subsidiairement celles de la Ville de Lausanne.

Acte 1, mardi 26 avril. Un collectif baptisé le Mouvement 43 m2 annonce l’ouverture d’un hébergement d’urgence à Lausanne le 1er mai pour répondre, partiellement, aux besoins des sans-abri concernés par la fermeture de 160 places d’accueil dans deux structures officielles hivernales à la même date. Ce collectif estime que le Département de la santé et de l’action sociale manifeste «un laxisme et un désintérêt» face au problème des SDF et des mal-logés, et se dit outré de n’avoir reçu aucune réponse de la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz à une lettre ouverte, datée du 15 avril, qui lui demandait de maintenir les capacités d’accueil «face à une situation catastrophique».

Acte 2, vendredi 29 avril. La Municipalité lausannoise annonce qu’elle lance un projet pilote rue de la Borde. Vingt et un studios partiellement meublés seront mis à disposition des usagers des hébergements d’urgence qui bénéficient de contrats de travail. La grogne des associations et la création du Mouvement 43 m2 n’ont, dit-elle, pas influencé cette décision. Celle-ci ne satisfait pas pour autant le Mouvement qui estime qu’elle ne vise que des personnes ayant droit à un logement social, mais laisse pour compte la majeure partie des personnes sans domicile.

Acte 3, samedi 30 avril. Le Mouvement 43 m2 investit l’esplanade de Beaulieu pour y installer son hébergement d’urgence. Répondant à la sollicitation de la Fondation de Beaulieu, la Municipalité demande à la police de procéder à l’évacuation des lieux. Après discussions, les activistes décident de les quitter sans résister.

Depuis plusieurs années, les associations de terrain alertent sur le fait que le dispositif vaudois d’accueil d’urgence est saturé. Comme on sait aussi que, malgré un niveau de vie parmi les plus élevés d’Europe, la précarité augmente en Suisse ou, en 2019, près de 9% de la population vivaient dans la pauvreté, chiffre qui ne prend pas en compte les «années Covid» suivantes qui n’ont fait que l’aggraver. En signant l’agenda 2030 de l’ONU, la Suisse s’est pourtant engagée à lutter contre la pauvreté au sein de ses frontières. Pourquoi le Canton de Vaud et la Ville de Lausanne y échapperaient-ils? Dominés tous deux par une gauche - encore - majoritaire au Conseil d’Etat et ultradominante à Lausanne, on se demande ce qu’elle attend pour rester fidèle à ses engagements, notamment celui de lutter contre les inégalités. Une nouvelle baffe aux prochaines élections? Solidarité, empathie, retour à certaines valeurs: il est grand temps qu’elle passe rapidement de la parole aux actes!