C’est une étude portée par l’Université de Lausanne, en 2018, qui le disait: 43% des Lausannois ne se rendent jamais au musée, à un concert ou au théâtre. Un constat corroboré une année plus tard dans le cadre d’un sondage cantonal duquel il ressortait que 64% des Vaudois souhaitaient toutefois aller plus souvent dans ces lieux, mais qu’ils ne le faisaient pas, notamment pour des raisons financières, et que cela était donc plutôt réservé à une élite. Bref, que la culture, qui devrait relier les hommes entre eux, aurait donc plutôt tendance à les diviser.
Ce constat, la Ville de Lausanne, sacrée en avril dernier à Berlin, «ville culturelle émergente», l’avait aussi fait, fin janvier 2020, dans le cadre des Assises de la culture. A cette occasion, elle s’était donné trois ans pour tester une nouvelle politique ambitieuse en la matière. Pour construire «ensemble une vie culturelle plus inclusive, plus accessible et plus égalitaire», comme le résumait alors le syndic Grégoire Junod. Retardé par l’épidémie de Covid qui a débuté juste après, le travail est en cours, ce qui n’a pas empêché diverses institutions de s’engager d’ores et déjà avec force pour tenter de démocratiser l’accès à la culture.
Comme l’Arsenic, la Collection de l’art brut, l’OCL et les Bibliothèques municipales, qui explorent en commun des pistes plus inclusives, en imaginant travailler «avec les associations et groupes actifs sur le terrain pour dynamiter les frontières socioculturelles.» Plateforme 10 également, qui vient de s’ouvrir au public, et lance un billet transmissible à 15 francs ermettant une visite de chacun des trois musées pendant les trois mois, d’été, allant même jusqu’à offrir la gratuité aux moins de 26 ans durant cette période. Ou encore le Théâtre de Vidy qui vient pour sa part de lancer «Vidy à ton prix», une première romande qui vise à proposer de nombreux tarifs à choix pour sa saison 2022-2023, à partir de 10 francs pour les jeunes.
Offre abondante
A l’heure où le canton s’apprête à entrer dans la période des grandes vacances estivales, ces offres tombent à pic. En s’attaquant au porte-monnaie, en osant faire un pas vers une démocratisation culturelle, ces diverses institutions marquent leur volonté d’infléchir les statistiques qui voient une importante partie de la population ne pas se sentir à sa place dans le monde de l’art ou celui de la création. Un premier pas qui tombe à pic, la Ville et la scène culturelle lausannoise s’étant à nouveau fortement mobilisées pour proposer au public une offre estivale alternative abondante et fédératrice. Une chance à saisir!