Fermeture du Grand-Pont: les gagnants et les perdants

La fermeture temporaire du Grand-Pont a permis aux Lausannois de se réapproprier un morceau supplémentaire du centre-ville. Elle a aussi rendu le trafic beaucoup plus compliqué sur les axes de détournement mis en place où on frôle la congestion.

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C’était le samedi 15 janvier dernier, à 2 heures du matin. L’accès au Grand-Pont était fermé à toute circulation en raison du début de lourds travaux d’assainissement visant à pallier la dégradation de l'ouvrage, construit en 1844. Une cure de jouvence nécessaire qui doit perdurer jusqu’à la fin du mois de novembre. Mais elle semble d’ores et déjà être une expérience concluante pour la gauche lausannoise, appuyée par les Vert’libéraux, qui veulent que l’axe Chauderon-Saint-François reste définitivement fermé aux automobilistes après cette date.

Une idée révolutionnaire? Pas du tout, une idée coulée dans le bronze depuis belle lurette, puisqu’actée en 2016 déjà par le Conseil communal, en lien avec l’arrivée prévue alors des bus à haut niveau de service et du tramway. Au moment de fermer le pont, en janvier dernier, la municipale Florence Germond le disait également sans détours: cette fermeture contrainte sera «l’occasion d’en faire un petit laboratoire de travail pour les futurs enjeux de la mobilité à Lausanne». Une manière politiquement correcte de dire que le processus de fermeture définitive était en cours, la légalité de cette démarche devant sans doute encore être réglée. Si ce n’est déjà fait!

Faut-il s’en plaindre? Honnêtement, non! Car la fermeture temporaire de cet axe a permis aux Lausannois de se réapproprier un morceau supplémentaire du centre-ville, jonction parfaite avec les rues piétonnes adjacentes, et de se rendre compte qu’il est très agréable d’y déambuler en toute quiétude. Elle a permis aussi de constater qu’elle a - récrimination constante des commerçants - rendu plus agréable l’accès aux commerces qui le jalonnent, les alentours étant largement pourvus en parkings où laisser sa voiture. Le seul côté négatif de cette opération, contrairement à ce qu’affirment la gauche et son allié de circonstance, c’est qu’elle a incontestablement rendu le trafic beaucoup plus compliqué sur les axes de détournement mis en place où on frôle la congestion. Ce qui ne va pas sans poser de vrais problèmes en termes de pollution et de bruit, les Lausannois et autres pendulaires, ne laissant toujours pas, comme le souhaite la Ville, leurs voitures à la maison pour emprunter les transports publics. La fermeture définitive du Grand-Pont à tout trafic motorisé sera sans doute une bonne chose, mais elle ne réglera en aucun cas la problématique plus globale du trafic en ville.