Drogue à la Riponne: l’échec de la Ville

RIPONNE • A Lausanne, un audit montre la fragilité de l’expérience liée à la mise en place de l’Espace de consommation sécurisé (ECS). Peu de toxicomanes s’y rendent, préférant continuer de squatter la place de la Riponne. Ce qui est un échec pour la Ville.

  • Malgré toutes les mesures prises, les consommateurs préfèrent toujours rester à la Riponne. DR

    Malgré toutes les mesures prises, les consommateurs préfèrent toujours rester à la Riponne. DR

Pour les autorités lausannoises, le récent audit interne de son Contrôle des finances au sujet de l’Espace de consommation sécurisé (ECS), géré par la fondation ABS, a dû jeter comme un froid. Même si elle ne veut pas l’avouer. Que dit-il? Tout simplement que ce lieu, censé accueillir les toxicomanes, ne remplit pas ses objectifs. La Ville s’était fixé 100 visites par jour. Sa fréquentation a de fait atteint seulement la moitié de ce qui était prévu. L’ECS a ouvert ses portes en 2018 au chemin du Vallon. Lausanne était alors la seule ville importante de Suisse à ne pas disposer d’un tel local. Né de longs palabres appelés à dépasser le refus des Lausannois qui n’avaient pas voulu d’un tel lieu une dizaine d’années plus tôt, son ouverture visait deux buts.

Sur le plan sanitaire, limiter les risques pour les consommateurs. Du point de vue de l’ordre public, améliorer la situation en diminuant les scènes de la drogue en ville, notamment la plus importante d’entre elles, celle de la Riponne.

Un premier bilan déjà mitigé

Dans les colonnes de Lausanne Cités du 3 octobre 2018, le municipal en charge du dossier, Oscar Tosato, y voyait ainsi «une pièce importante pour compléter le dispositif existant (…) et réduire les nuisances.» Un premier bilan, établi début 2020, indiquait que les choses ne se passaient pas trop mal mais, déjà, que l’ECS était moins fréquenté que souhaité, car trop éloigné du centre-ville. Ce que d’aucuns avaient prévu dès son ouverture. Conséquence: aucune amélioration n’était perçue par les habitants du quartier de la Riponne, agacés et déçus de voir les toxicomanes continuer de squatter quotidiennement la place. Avec son lot de désagréments, les toilettes du lieu ayant même dû être temporairement fermées.

Nouvel audit?

En démontrant, chiffres à l’appui, que la situation n’a pas changé, le récent audit du Contrôle des finances, même s’il estime que l’ECS est indispensable et que certains imputent ce phénomène à la période Covid, dit clairement que la mayonnaise n’a pas pris. Et des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander un nouvel audit, «véritablement indépendant», qui englobe tous les scénarios, y compris celui de la fermeture de l’ECS.

La démarche peut paraître excessive, mais elle est réaliste. Car les faits sont têtus. Si l’ECS remplit son rôle du point de vue sanitaire pour celles et ceux qui s’y rendent, sa création n’a en rien changé la situation sur la place de la Riponne. Au grand dam de ses habitants et des nombreuses personnes qui la traversent quotidiennement. Le spectacle y est affligeant. Et ça, c’est clairement un échec de la politique municipale!