Coup de chaud sur les îlots de chaleur

ENVIRONNEMENT • Lausanne a promis beaucoup pour lutter contre le réchauffement climatique mais accompagne des projets qui s’avèrent être des îlots de chaleur. Malaise...

Ilot de chaleur. L’expression n’est pas nouvelle. Au milieu du XXe siècle, on l’utilisait déjà pour décrire un phénomène qui génère d’importantes différences de température entre une ville et les régions rurales adjacentes.

A son origine, la configuration de nos villes devenues au fil du temps des ensembles minéralisés et asphaltés, mais aussi l’absence de végétation sans compter, bien sûr, l’activité humaine. Lausanne n’échappe pas au phénomène. En janvier de l’année dernière, afin de lutter contre le dérèglement climatique, et donc les îlots de chaleur, la Ville proposait un plan ambitieux. Aujourd’hui, on se perd toutefois en conjectures quand on découvre que, parallèlement, elle entérine des décisions qui vont à l’encontre des buts poursuivis. Deux exemples révélateurs. Le premier, c’est l’écoquartier des Plaines-du-Loup. Du béton partout avec des arbres qui, certes, y seront plantés, mais qui n’empêcheront pas l’endroit d’être, selon certains experts, un îlot de chaleur.

Le second, c’est le tout nouveau pôle muséal Plateforme 10. Des conseillers communaux, tous partis confondus, ainsi que deux députées vertes viennent d’interpeller le Conseil communal et le Grand Conseil à ce sujet. «Plateforme 10 mérite mieux qu’un îlot de chaleur», écrivent-elles, dénonçant «les aménagements extérieurs (…) presque entièrement minéralisés qui ne reflètent ni le projet lauréat, ni les promesses faites en termes de végétalisation.»

Dans l’édition de Lausanne Cités de cette semaine (lire en page 3), le syndic Grégoire Junod temporise, rappelant, pour les Plaines-du-Loup qu’il «faut un peu de patience avant de juger des résultats». Quant à Plateforme 10, il se dit prêt à participer, avec le Canton, «à une réflexion large sur les aménagements extérieurs (…) et la végétalisation du site». Curieux constat a posteriori. Comme il paraît curieux aussi de balayer d’un simple revers de la main les critiques, pourtant étayées, concernant les Plaines-du-Loup. De quoi susciter malaise et incompréhension. Et de se dire, in fine, que l’irruption des îlots de chaleur est un phénomène qui n’a sans doute pas été suffisamment anticipé. Ni par la Ville, ni par le Canton. Plus que dommage quand on se targue de vouloir donner l’exemple.