Après le Canton, au tour de la ville de Lausanne?

La défaite de la gauche aux élections du Conseil d'Etat a valeur d’exemple: ce qui s’est passé au niveau cantonal pourrait bien, un jour aussi, se passer à Lausanne. Petit à petit, en obligeant le PS à céder un, puis deux sièges. A la droite ou aux Verts, en oubliant au passage que l’Histoire nous a appris que tous les bastions finissent par tomber.

  • Une bascule à droite de la Municipalité serait-elle imaginable? 123RF

    Une bascule à droite de la Municipalité serait-elle imaginable? 123RF

ELECTIONS • C’était il y a peu, le dimanche 10 avril dernier, en fin d’après-midi. Le séisme en terre vaudoise. Après onze ans de pouvoir, la coalition de gauche qui dirigeait de facto le canton, vient de perdre sa majorité au Conseil d’Etat. Une claque. Une claque magistrale. Dans le camp «bourgeois», qui vient de remporter la mise, on exulte. A gauche, derrière les sourires de façade, on est clairement sonné. «On a réussi une remontada, mais ça n’a pas suffi», déplore la présidente du Conseil d’Etat Nuria Gorrite faisant référence aux résultats du premier tour. Mais «les forces de gauche restent debout et coalisées!», assure-t-elle comme pour se consoler. Maigre consolation!

Le lendemain, la presse dissèque les raisons de cette cuisante déculottée. Et ne s’y trompe pas. Elle estime que la majorité rose-verte ne s’est pas suffisamment remise en question, se contentant d’avoir seulement défendu ses acquis. On lui reproche aussi un trop-plein de suffisance qui l’a poussée, finalement, à dire adieu à un compromis efficace gauche-droite qui lui avait pourtant tant réussi. Les jugements sont sévères, mais réalistes. Leur tort, c’est sans doute de s’être focalisés pour la plupart sur l’ensemble de la coalition au pouvoir. Car dans le fond, cette débâcle, ce n’est pas celle des Verts qui ont réussi in extrémis, grâce aux votes lausannois, à placer leur candidat au sein de l’Exécutif cantonal.

C’est d’abord celle d’un parti, le parti socialiste, et d’une de ses représentantes, Cesla Amarelle, sanctionnée pour être restée durant cinq ans dans sa tour d’ivoire du Département de la formation, aveuglée par son outrance idéologique. Mais elle n’est pas la seule coupable. Son parti tout entier l’est. A l’image du reste de la triste image que nous offre un peu partout en Europe une social-démocratie à bout de souffle. Trop arrogante, trop sûre d’elle. Et sans véritable projet de société, si ce n’est de se focaliser sur des objectifs certes honorables, mais main- stream, comme à Lausanne, en occultant les vrais problèmes des classes populaire et moyenne.

Pour beaucoup aujourd’hui, le parti socialiste ne fait plus rêver et n’incarne plus l’espoir. Il s’est coulé dans le moule ambiant. Vice-président du parti suisse, le Lausannois Samuel Bendahan n’est pas dupe: «Nous devons améliorer notre capacité à prouver que nos valeurs se traduisent en actes», a-t-il laissé entendre au lendemain de cette débâcle. Afin d’éviter de futures désillusions. Car cette défaite a valeur d’exemple: ce qui s’est passé au niveau cantonal pourrait bien, un jour aussi, se passer à Lausanne. Petit à petit, en obligeant le PS à céder un, puis deux sièges. A la droite ou aux Verts, en oubliant au passage que l’Histoire nous a appris que tous les bastions finissent par tomber. Même quand certains les croient indestructibles.