Haro sur la trottinette

MOBILITE • Quoi de plus cool, pour certains, que la trottinette électrique pour déambuler en tout liberté dans nos villes? Sauf que si ce mode de micromobilité a le vent en poupe, ses jours semblent bel et bien comptés.

  • 123RF

    123RF

Elle a envahi les rues et les trottoirs des métropoles, presque partout sur la planète. Mais son succès fulgurant est sans doute en train de prendre fin. Exemples à l’appui: à San Francisco, comme dans plusieurs autres villes américaines, la trottinette électrique a été interdite, avant d’être à nouveau autorisée, mais en nombre limité.

Au Brésil, son utilisation a été réduite au centre des grandes métropoles. A Londres, il faut un permis pour la conduire, porter un casque, et elle doit être munie d’une plaque d’immatriculation. A Bruxelles comme à Paris, on hésite encore entre une interdiction totale ou à l’autoriser uniquement dans des zones délimitées. Elle n’a plus le vent en poupe!

Démocratisée

Son arrivée sur le marché date d’une dizaine d’années. Mais c’est surtout à partir de 2017 qu’elle s’est vraiment démocratisée, notamment en raison de l’apparition de services de location qui ont entraîné un profond bouleversement de la mobilité au cœur des cités.

Economique, rapide et écologique, disait-on, elle a déferlé comme une puissante vague sur les trottoirs et les routes. Mais la multiplication de son usage anarchique a provoqué un véritable chaos avec, à la clé, des lois sur la circulation routière allègrement bafouées, de nombreux accidents et des piétons terrorisés.

Aberration écologique

Aujourd’hui, les griefs ne s’arrêtent pas là: l’année dernière, l’EPFZ a publié une étude d’impact démontrant que, contrairement aux idées reçues, la trottinette électrique, en libre-service ou pas, ne remplace pas la voiture en ville mais, à 83%, des modes de transport plus durables, comme la marche, les transports en commun ou le vélo classique. Plus même, après l’avoir accueillie comme alternative propre à la voiture, elle apparaît comme étant une aberration écologique. A Paris, elle serait ainsi six fois plus polluante que le métro.

A Lausanne, malgré les lois sur la circulation en vigueur et quelques opérations de prévention menées par la police, son utilisation sur le domaine public a aussi fait couler beaucoup d’encre, notamment auprès des piétons et des automobilistes.

La semaine dernière encore, comme nous l’a rappelé 24 heures, une enseignante inquiète pour la sécurité de ses enfants a écrit aux autorités pour demander que la prévention soit renforcée.

Souvent prompte à réagir quand il s’agit d’accélérer la mise en place d’infrastructures liées à la mobilité douce, la Municipalité reste curieusement silencieuse à ce sujet. Elle est pourtant largement en retard sur de nombreuses villes à travers la planète. Pourquoi et jusqu’à quand?