Belinda Bencic, le nouveau bijou du tennis suisse

CHRONIQUE • Son ascension phénoménale fait naître les espoirs les plus fous à l’approche de l’US Open. La Saint-Galloise, 12e joueuse mondiale à 18 ans, semble en mesure de relever le défi proposé par son père: être la meilleure.

  •  Belinda Bencic .dr

    Belinda Bencic .dr

Le coucou était réglé bien avant l’heure, la pendule remontée à mort. A vie plutôt, puisque celle de Belinda Bencic, 18 ans et déjà 12e joueuse mondiale, se présente fort bien. L’US Open pointe le bout de son museau (dès le 31 août sur vos écrans); et le nouveau bijou du tennis suisse celui de son nez. La Saint-Galloise, dont les grands-parents tchécoslovaques ont rallié la Suisse en 1968, a même mis un énorme coup de pied dans la fourmilière l’autre jour, en raflant le tournoi de Toronto après avoir notamment fait tomber la patronne incontestée du circuit, Serena Williams. Alors le prodige alimente des fantasmes croissants.

L’heure de la relève

Direction le trône? En attendant le verdict - forcément intermédiaire - de Flushing Meadows, là même où Bencic avait frappé une première fois l’imaginaire collectif en atteignant les quarts de finale l’an passé, les experts devisent quant aux probabilités de voir, un jour ou très bientôt, la princesse se transformer en reine. Mental en fer forgé, main rompue à la dentelle comme au marteau, flair d’exception: tous les paramètres semblent réunis, à condition que son corps laisse la jeune fille en paix - la douleur au bras, qui a rimé avec son abandon préventif la semaine passée à Cincinnati, paraît bénigne.

Donc l’espoir galope, le rêve se met en place. Dans le clan de la championne en gestation permanente, on ne bouge pas une hélice. On prend note des progrès accomplis et on remet la tête dans le guidon, sans forfanterie ni enthousiasme inconsidéré. En fait, on poursuit le chemin tracé. Et s’il y a matière immense à se réjouir aux yeux des proches, nul motif de s’étonner en revanche: car tout était prévu, dès le départ.

Un projet

Le départ? Il a lieu six semaines avant la naissance de Belinda Bencic, le 26 janvier 1997 très exactement, jour où son imminent père Ivan, ébahi comme le reste du monde par le triomphe de Martina Hingis (alors 16 ans et des poussières) à l’Open d’Australie, prend une décision de taille: sa fille jouera mieux au tennis que lui au hockey sur glace. Si le puck a nourri Ivan Bencic durant une décennie (il passa notamment par Genève, Ajoie et Olten), il lui a surtout permis de faire la connaissance, durant leurs jeunes années au EHC Uzwil, d’un certain Marcel Niederer. Ce dernier, qui a entretemps fait fortune en ouvrant la première échoppe Nescafé à Vladivostok, accepte d’investir dans le projet de son pote. Le «projet Belinda Bencic» est lancé. Rien ne l’arrêtera.

Objectif: gagner?

Libéré de toute contingence financière ou presque, le papa subordonne son existence - et celle de la famille - à la destinée de l’élue. A 6 ans, cette dernière, déjà bien installée dans sa mission, est confiée aux mains expertes mais rugueuses de Mélanie Molitor, la maman-coach qui avait fabriqué le miracle Hingis. Belinda Bencic n’est de loin pas, aux dires des experts régionaux, le plus pur talent à avoir fréquenté les courts du TC Ried-Wollerau (Schwyz). Mais elle a bossé tant et si bien, si dur, que les fruits sont tombés avec une affolante régularité.

«La seule chose qu’il y a de vraiment différente chez Belinda, c’est que son père, sa famille et elle ont tout entrepris pour arriver au sommet», nous expliqua un jour Mario Widmer, compagnon de Mélanie Molitor et manager de Martina Hingis. «C’était une enfant calme, plutôt introvertie, sérieuse, qui a remarqué assez vite que s’entraîner ne s’agissait pas d’un jeu.»

Car Belinda Bencic se trouvait en mission. Programmée pour gagner, atteindre les sommets. Et le but paraît de moins en moins inaccessible.