Trop intelligent pour un boulot?

EMPLOI • L'intelligence est-elle une aptitude dont les recruteurs tiennent compte? Certainement, mais pas forcément celle que l'on croit!

  • Est-il de bon ton d'afficher un QI de 120 sur son CV?

Nicolas est doté d'un QI supérieur à la moyenne. Résultats d'un test à l'appui, il nous affiche fièrement un joli petit 120 et se demande s'il serait judicieux de le spécifier dans son CV ; hilarité générale dans le cours de techniques de recherche d'emploi auquel il participe. En effet, comment ne pas se laisser aller à quelques plaisanteries pour ce qui nous parait être la plus grosse bêtise de l'année.Et pourtant… bien malgré lui, ce jeune laborantin vient de mettre le doigt sur un sujet dont on ne parle pour ainsi dire jamais en processus de recrutement. Imaginons un instant: «Votre dossier n'a pas été retenu, car vous êtes trop intelligent-e pour la fonction». Ou encore: «Nous recherchons une personne de 25 à 35 ans dont le quotient intellectuel est compris entre 100 et 120». Les discriminations en tout genre sont monnaie courante, cependant, il ne nous vient jamais à l'esprit de pouvoir être recalé-e pour… bêtise. Pourquoi? Tout simplement, comme le disait si bien feu Coluche : «parce qu'on se trouve toujours suffisamment intelligent, vu que c'est avec sa propre intelligence qu'on se juge».

Tests de QI?

Bref. Passé ce moment de détente, nous avons échangé nos points de vue sur la question. L'intelligence est-elle une aptitude dont les recruteurs tiennent compte? Evidemment, oui, mais, hormis quelques rares exceptions, ils n'en sont pas encore à faire passer des tests de QI aux candidat-e-s. Alors, comment l'évaluent-ils ?Selon la définition du dictionnaire, l'intelligence est la capacité de saisir une chose par la pensée. Elle est aussi une faculté qui nous permet de nous adapter à une situation et de choisir les moyens d'action les plus performants compte tenu des circonstances.Au vu de cette définition, il est donc relativement aisé pour un recruteur d'évaluer l'intelligence d'une personne lors d'un entretien, sans avoir recours aux tests de QI. Il le fait de manière déductive ou purement intuitive en écoutant. In fine, l'important n'est pas de démontrer que l'on est intelligent-e. L'important, c'est faire preuve d'intelligence. Cela nous amène, une fois de plus, sur le terrain comportemental. Dans la mesure où l'on est professionnellement compétent, ce qui compte réellement, c'est une forme d'intelligence qu'il n'est pas possible de réduire aux petits carrés, cercles et autres rectangles structurés selon une suite logique.

En chacun de nous

L'intelligence à laquelle nous faisons référence se trouve en chacun de nous, sans exception. Elle nous permet de gérer les personnes détestables, de faire face aux injustices ou aux événements considérés comme tels, de relativiser tout type de situation, de trouver les meilleures solutions et surtout… surtout de ne plus adopter un comportement de victime qui se cherche ou s'invente des bourreaux à tous les coins de rue. Cette intelligence attire la chance et les opportunités dans la mesure où on la met en œuvre avec patience et ténacité. Elle permet aussi de rencontrer les bonnes personnes au bon moment, sur les bons territoires et, en l'occurrence aujourd'hui, de lire jusqu'au bout une chronique journalistique en son honneur.