De vieux vélos pour de nouvelles perspectives

SOLIDARITE – En cette période automnale où nombreux sont ceux qui se décident à changer leur vélo rouillé contre une monture neuve, il serait dommage de délaisser les vieux deux-roues sans leur trouver une deuxième vie. Pour ce faire, de nombreuses initiatives prennent vie localement, notamment à Lausanne.

  • Lucas Girardet: jamais à court d'idées.

    Lucas Girardet: jamais à court d'idées.

L'association suisse Vélos pour l'Afrique fête déjà son 100'000ème vélo recyclé et envoyé dans un pays en voie de développement. Retapés en Suisse, ces deux roues permettent également de contribuer à la réinsertion professionnelle de chômeurs qui sont engagé temporairement dans les ateliers. Ensuite, là où ils sont acheminés, les vélos offrent un moyen de réduire la distance entre les zones rurales. Ce qui peut paraître peu de choses vu de l'Occident, change tout dans la vie de ceux qui en profitent en Afrique. Grâce à la collaboration d'une grande chaîne de magasins spécialisés dans la mobilité douce et des CFF, un nombre important de vélos a déjà pu être récolté essentiellement en Suisse allemande.

Pédaler, s'intégrer

En Romandie, Lucas Girardet, le président de l'association Lausanne Roule a fait un choix un peu différent : « Nous pensons qu'il y a d'abord un besoin et une utilité de ces vélos recyclés et bon marché, ici en Suisse. » Même si l'association lausannoise admire ce qui est fait pour les pays africains, elle préfère utiliser les vélos qui lui sont offerts pour soutenir des Suisses romands en situation économique compliquée ou des requérants d'asile dans les centres d'accueil.

La Maison du Vélo

« Dans notre société, la mobilité est cruciale. Un simple vélo permet ainsi parfois de recouvrer une vie sociale et d'aller cherche du travail. En plus, se mouvoir en vélo n'est pas du tout un signe extérieur de pauvreté et permet donc une intégration facile », explique Lucas Girardet.Cet élu vert dynamique de 35 ans, passionné de deux roues et directeur de la société Vélopass, est donc persuadé qu'un vélo n'est pas seulement un transport écologique ou économique mais aussi un précieux outil d'aide sociale. La Maison du Vélo, installée en dessous du Grand Pont, constitue depuis peu le centre névralgique de l'opération lausannoise. Les propriétaires de vieilles bicyclettes viennent les déposer afin qu'elles soient entièrement réparées avant d'être prêtées ou vendues à bas coût. «Attention, notre but n'est pas du tout de concurrencer les magasins avec des prix cassés, mais simplement d'aider ponctuellement des gens en situation compliquée», précise Lucas Girardet.Si la demande ne manque pas, les dons de vélos usagés sont en perte de vitesse, particulièrement en Suisse romande. Même la très ancienne coopérative genevoise Peclot 13 manque cruellement de cycles pour contenter ceux qui en recherchent sans avoir les moyens de s'en acheter un neuf. La crise est probablement l'une des causes de cette baisse de dons puisque chacun essaie désormais de garder son vélo le plus longtemps possible. D'ailleurs, Lucas Girardet a également eu l'idée d'ouvrir les ateliers de La Maison du Vélo à ceux qui désiraient réparer eux-mêmes leur petite reine. Le samedi matin, un spécialiste aiguille donc les bricoleurs amateurs et leur prête quelques outils. Un exemple parmi d'autres que le mouvement de la solidarité par le vélo a le vent en poupe.