Donner la parole aux jeunes: une nécessité!

UNIL • Les 3 et 4 septem- bre, l’Université de Lausanne accueillera un congrès consacré à la par-ticipation des jeunes intitulé «Ça me concerne!» Interview de Frédéric Cerchia, Délégué cantonal enfance et jeunesse du canton.

  • Frédéric Cerchia, Délégué cantonale enfant et jeunesse du Canton de Vaud

    Frédéric Cerchia, Délégué cantonale enfant et jeunesse du Canton de Vaud

Lausanne Cités: Pourquoi consacrer un congrès au thème de la participation des jeunes?

Frédéric Cerchia: Le droit de l’enfant de participer aux décisions qui le concernent, que ce soit dans une procédure administrative ou judiciaire l’intéressant personnellement ou sur des questions de société ayant un impact sur les conditions de vie des enfants, c’est la révolution de la Convention des droits de l’enfant, ratifiée par la Suisse en 1997. Il nous paraissait important d’organiser un congrès sur ce thème dans le but d’échanger avec d’autres professionnels et de porter un regard critique et bienveillant sur nos pratiques pour les faire évoluer.

Quelle est la situation dans le canton de Vaud ?

Dans le domaine plus spécifique de la participation des jeunes à la vie sociale et politique, il est difficile d’avoir une vision d’ensemble très précise, car, conformément à la loi cantonale en la matière, ce sont essentiellement les communes qui sont compétentes pour mettre en place des expériences participatives avec et pour les jeunes. En tant qu’autorité cantonale, notre rôle consiste à apporter soutien, conseil et outils aux communes et aux jeunes qui nous sollicitent pour développer un projet participatif ou un conseil de jeunes par exemple. Au niveau cantonal, nous avons également mis en place la première Session cantonale des jeunes qui a eu lieu à Lausanne début mai.

Comment un conseil des jeunes collabore-t-il avec la commune?

Les jeunes peuvent être associés aux réflexions sur des sujets qui les touchent de près et transmettre leurs propres propositions. A Lausanne, ils ont notamment participé aux discussions sur les «nuits lausannoises», ils ont fait des propositions en lien avec l’apprentissage ou pour la lutte contre l’homophobie. Ils sont aussi à l’origine d’un festival culturel pour les jeunes ou d’un rallye à vélo pour promouvoir la mobilité douce en ville.

Dans quels domaines l’avis des plus jeunes peut-il être sollicité?

Pour les plus petits, il peut s’agir de la sécurité sur le chemin de l’école ou de l’aménagement d’une place de jeux, comme cela a été fait dans le quartier de Boisy récemment. Pour les plus grands: une campagne de prévention ou une loi cantonale sur un sujet qui les concerne directement comme la formation par exemple. Pour faire une place à l’avis des jeunes, les mentalités doivent évoluer. Les adultes ne sont pas tous convaincus que cela en vaut la peine.

Pourquoi?

Associer les enfants à des décisions qui les concernent leur permet de s’identifier à celles-ci. C’est un sentiment psychologique important, très positif pour l’estime de soi que de sentir son influence sur son destin et son environnement de vie. Et pouvoir s’exprimer et être entendu par des autorités nourrit le sentiment de faire partie d’une communauté.

Cependant il faut aussi veiller au bon cadrage des processus participatifs avec les enfants et les jeunes. Il peut être contre-productif de leur donner la parole et de ne pas leur dire ce qu’on en a fait, les limites de ce qui est possible de faire ou que cette parole n’aboutisse jamais sur des effets concrets. Ne pas leur faire croire non plus qu’ils porteront le poids de la décision qui relève le plus souvent des prérogatives des adultes et des autorités compétentes.