Ces mosaïques dont l’Etat se fiche...

POLÉMIQUE• Les mosaï-ques de la villa romaine de «Boscéaz» sont d’une valeur inestimable. Mais elles n’intéressent pas l’Etat de Vaud qui botte en touche à chaque fois qu’on l’interpelle à ce sujet. Incompréhensible pour beaucoup.

  • Le canton semble totalement se désintéresser des mosaïques romaines de la villa Boscéaz. dr

    Le canton semble totalement se désintéresser des mosaïques romaines de la villa Boscéaz. dr

C’est un lieu magique qui abrite sans doute les plus belles mosaïques du nord des Alpes. A 2 kilomètres d’Orbe sur la route d’Yverdon, au lieu dit «Boscéaz», se situent les restes d’une ancienne villa romaine. Détruite lors des invasions, elle a servi de carrière pendant le Moyen Age et il n’en reste aucune superstructure. Par chance, à quelques décimètres sous terre, on y a découvert les restes de neuf mosaïques datant du 1er au 3e siècle après J.C. Elles ornaient le sol de la villa. Conservées sur place dans quatre pavillons, elles forment un ensemble unique en Suisse.

Un silence pesant

Le hic, c’est que le canton ne semble pas beaucoup s’en préoccuper. Pour preuve: en 2011, par le biais d’un postulat, le député PS Denis-Olivier Maillefer lui demandait de mettre en valeur le site. Une année plus tard, jugeant la réponse de l’Etat «dilatoire et sommairement argumentée», Denis-Olivier Maillefer remettait l’ouvrage sur le métier en déposant une motion, acceptée par le Grand Conseil et renvoyée au Conseil d’Etat par près de cent députés. Sans plus de succès! «L’attitude du Conseil d’Etat est incompréhensible», renchérit aujourd’hui le député PLR Rémy Jaquier qui, à son tour, dépose une interpellation.

Lassitude compréhensible

Et d’argumenter: «Il s’agit d’un objet archéologique d’intérêt cantonal qui nécessite des mesures de conservation en raison des conditions extrêmement précaires quant à sa protection , explique-t-il. «Ce projet est porté depuis plus de dix ans par la fondation Pro Urba, la commune d’Orbe, l’Association pour le développement du Nord vaudois et des représentants de tous horizons. Or, une certaine lassitude, voire même du découragement s’installent parmi les instances et personnes qui portent ce site à bout de bras et il existe un risque réel qu’il ne soit plus exploité à terme et que son attrait touristique tombe définitivement.»

D’où les deux questions qu’il pose au gouvernement: pour quelles raisons le Conseil d’Etat se désintéresse-t-il de ce site et à quelle date un projet de mise en valeur va-t-il enfin être développé? Réponse prochainement. Du moins les quelque 150 députés qui ont signé l’interpellation l’espérent-ils.