Rendre la place plus accueillante et sécurisante pour les piétons, et améliorer la cohabitation entre ces derniers et les automobilistes: tel est le but de la démarche des architectes de l’atelier Olga, mandaté par la Ville de Lausanne pour transformer la place du Vallon dans le cadre du préavis municipal Rues Vivantes. C’est également, et principalement, l’attente des habitants de ce petit quartier, dont l’image a pu être malmenée par la présence de l’Espace de consommation sécurisé («local d’injection») et de deux établissements sociaux, La Résidence et La Marmotte.
Entre ville et nature
Durant ces derniers mois, trois phases de tests ont été effectuées. La première au mois de juin concernant la végétalisation de la place. Durant deux journées participatives, un concept a émergé. Celui de reprendre la topographie de vallon du lieu et de l’agrémenter de lieux de séjours, comme des petites berges, protégées par des buttes de terre et de végétation. La forme de la route a été repensée de manière plus sinueuse, évoquant la rivière – Le Flon – qui coule en dessous. Les plantes sont celles de la friche qui entoure le quartier, comme une manière «d’amener la nature en ville et de créer une continuité et une transition en douceur entre la partie urbaine et la forêt», détaille Jade Rudler, architecte de l’atelier Olga.
Une journée a également été dédiée à la réflexion autour du mobilier urbain à placer, et où l’installer. Mais en raison des chantiers l’emplacement n’a pas pu être défini à ce moment-là. Le «kit cube» a donc été ressorti à l’occasion de la troisième journée thématique, dédiée à la mobilité, le 22 septembre dernier qui a vu la place du Vallon se métamorphoser en zone piétonne, permettant aux habitants et utilisateurs du lieu de bénéficier de tout l’espace nécessaire à l’expérimentation et la réflexion. Cette journée clôturait le mois d’essai de la place en zone de rencontre (20km/h, priorité aux piétons).
Peintures au sol
«Nous avons peint les limites de la future route qui se faufile comme une rivière, ainsi que les endroits où nous imaginions des jardins et divers passages, pour créer une maquette géante», explique l’architecte. Durant la phase de test à 20km/h, des comptages de vitesse ont été effectués par le Service des routes et mobilité. Il s’est avéré que les automobilistes ont bien respecté les limitations, et le sentiment de sécurité des piétons et cyclistes, également grâce aux peintures au sol délimitant la place, s’en trouve largement grandi. La largeur de la route, diminuée, sera encore testée grâce à des cônes, en collaboration avec la police.
Si les zones de rencontre sont habituellement caractérisées par une absence de délimitations entre zone piétonne et automobile, les architectes ont pris le parti inverse concernant la place du Vallon. «L’insécurité ressentie des piétons étant l’élément principal des réflexions, nous avons opté pour des limites claires entre la route et les espaces de rencontres.»Les architectes terminent le plan durant le mois de novembre. Ensuite, en fonction de la période de mise à l’enquête, le permis de construire pourrait être délivré au plus tôt au début de l’été prochain. Joëlle Misson