Beaulieu: la montagne accouche d’une souris

DÉBÂCLE • Dans le cadre du fiasco de Beaulieu, son ancien secrétaire général, Marc Porchet, devra répondre de «gestion déloyale» devant un tribunal. L’acte d’accusation initial s’est toutefois dégonflé comme une baudruche.

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La nouvelle a été rendue publique le 27 décembre dernier par 24 heures. Cinq ans et demi (!) après l’éclatement de l’affaire Beaulieu, l’ex-secrétaire général de la fondation éponyme, Marc Porchet, va être renvoyé devant le tribunal de Nyon pour «gestion déloyale». L’audience aura lieu début août prochain.

Aucun indice de surfacturation

Pour rappel, en 2017, alors que Beaulieu était en plein naufrage financier, Marc Porchet avait été visé par une plainte pénale dictée par les conclusions d’un audit du Contrôle des finances de la Ville de Lausanne. Lors d’une conférence de presse, le syndic Grégoire Junod et celle qui était alors présidente du Conseil d’Etat, Nuria Gorrite, annonçaient qu’il était accusé d’avoir mis en place un système de gestion opaque et d’avoir procédé à des «surfacturations illicites». Le chiffre de 20 à 27 millions de francs était alors avancé. En quelques heures, il devenait un véritable génie du mal. L’auteur d’une fraude colossale. Deux ans plus tard, le Ministère public prononçait toutefois un non-lieu, suivi d’un appel. L’acte d’accusation précise qu’aucun indice de surfacturation n’a été trouvé et que le soupçon de «dissimulation d’informations» n’a pas pu être étayé. Pire même, que l’audit réalisé par la Ville de Lausanne a confondu deux notions, celles qui consistent à engager des dépenses et à contrôler des factures. En 2019, en première instance, les conclusions du procureur avaient déjà largement dégonflé l’affaire, soulignant notamment que le Conseil de fondation de Beaulieu était au courant de tout. Ce complément d’enquête va dans le même sens.

Un bouc émissaire

Le seul pont litigieux qui subsiste est que Marc Porchet aurait parfois empoché des marges jugées «excessives», on parle de 120 à 150 mille francs entre 2012 et 2016, lorsqu’il refacturait à la Fondation de Beaulieu des heures de travail effectuées par sa société fiduciaire ou certains mandants. Loin, bien loin donc des 20 à 27 millions supputés.

Seuls six cas ont été retenus à charge. Marc Porchet aura à en répondre et la justice tranchera. Mais une chose est sûre: dans cette affaire, la montagne a accouché d’une souris. Ce qui démontre que l’ex-secrétaire général de la fondation n’a été qu’un bouc émissaire et que le mal était bien plus profond, ce que le procès du mois d’août prochain pourra difficilement occulter.