«Avec de la glace synthétique, on aurait pu patiner dès le mois de septembre»

MORGES • Trois oppositions et un véto du canton, l’installation provisoire de refroidissement de la patinoire des Eaux-Minérales, prévue en urgence par la Municipalité, a du plomb dans l’aile. Entretien avec le conseiller communal vert Pascal Gemperli, qui dès le début, avait préconisé le recours à une glace synthétique.

  • La patinoire n’est pas près de voir des patineurs. En médaillon, Pascal Gemperli conseiller communal vert. MISSON-TILLE

    La patinoire n’est pas près de voir des patineurs. En médaillon, Pascal Gemperli conseiller communal vert. MISSON-TILLE

Lausanne Cités: Il y a de fortes chances que les Morgiens ne puissent pas utiliser leur patinoire cet hiver. Comment en est-on arrivé là?

Pascal Gemperli: La Municipalité et la majorité du Conseil communal sont partis avec un biais qui était celui de favoriser à tout prix la glace réelle pour remettre en fonction la patinoire. A partir de là je pense que l’on ne pouvait qu’échouer. Les services de la Ville ont pourtant bien travaillé pour mettre en place la solution retenue par la Municipalité. Mais le problème est que tout cela a été fait dans l’urgence, avec une solution rapide mais qui comportait de grands risques ainsi que des aberrations énergétiques…

Quels sont ces risques?

Eh bien justement que des oppositions s’expriment, ce qui n’a pas manqué, et que le Canton émette son véto. Et il y en a encore un autre que l’on oublie souvent mais dont il faut tenir compte, c’est celui des coupures d’électricité cet hiver, en cas de pénurie d’énergie.

Que pensez-vous des oppositions déposées dans le cadre de la mise à l'enquête du projet?

Franchement, nous nous attendions surtout à des oppositions du voisinage. Or celles qui se sont exprimées concernent plutôt les coûts et la consommation énergétique excessive de la solution retenue par la Municipalité. Quant à l’opposition de la Romande Energie, je pense vraiment qu’elle aurait dû être anticipée…

Finalement, vous aviez raison…

Il n’y a pas de quoi se réjouir. Pour les clubs, les écoles et tous les usagers, on aurait plutôt souhaité une solution qui soit rapidement opérationnelle, plutôt que la saison blanche qui se profile…

Pourquoi les autorités ont-elles cédé à l’urgence?

Je pense que les autorités se sont laissé influencer par la pression des clubs, qui ont agité le spectre de leur fermeture. Le résultat c’est qu’il risque de n’y avoir aucune possibilité de patiner, alors que la proposition que la minorité du Conseil communal avait avancée, celle d’avoir recours à une glace synthétique pendant une saison, aurait permis de limiter tous les risques que l’on observe aujourd’hui. Ce n’était pas une solution idéale à 100%, mais cela aurait été bien mieux que la situation actuelle, avec un coût financier bien moins élevé. Tout le monde aurait pu être sur la glace depuis le mois de septembre….

Parlons d’un avenir un peu plus lointain et de la future saison 2023-2024…

L’installation du dispositif de refroidissement proposé par la Municipalité posera problème car la patinoire consommera autant que quand elle a été installée il y a 30 ans, soit environ 15% de la consommation totale de la ville et 40% de sa consommation sur le marché libre de l’électricité, où les prix ont explosé.

Faut-il donc fermer définitivement la patinoire?

Du tout, car le sport c’est important, en particulier pour la jeunesse. Les clubs, les patineurs etc, en ont vraiment besoin. Ce qu’il faut par contre, c’est viser pour 2023-2024 une patinoire qui s’inscrive dans la Stratégie énergétique de la Ville. En posant 2000 m2 de panneaux solaires, on autonomisera le refroidissement sur le plan énergétique. Cela coûtera environ 400'000 francs, mais si on garde le bâtiment actuel encore une quinzaine d’années, cela en vaut vraiment la peine.

Trois oppositions et un véto

L’estimant trop cher et trop gourmand en énergie, deux Morgiens ont déposé chacun une opposition dans le cadre de la mise à l'enquête du projet d’installation d’un dispositif de refroidissement provisoire de la patinoire des Eaux-Minérales. La Romande Energie a également déposé une opposition en raison de «l’emprise dans les câbles électriques». Le Canton quant à lui a émis un véto en raison des fluides de refroidissement prévus dans le dispositif, considéré comme permanent par le Canton et qui l’a interdit en vertu de l’Ordonnance fédérale sur la réduction des risques.