VOTATIONS FÉDÉRALES - «Je veux que toutes les familles soient aidées»

Le 8 mars prochain, le peuple devra se prononcer sur l’initiative du PDC en faveur des familles. Elle propose de libérer de l’impôt les allocations pour enfants et pour jeunes en formation. Cette initiative a récemment reçu le soutien de l’UDC, mais les autres partis, le Conseil Fédéral et les cantons, la combattent. Arguments avancés par ses opposants: elle ne toucherait que les riches et coûterait près d’un millard de francs aux cantons et à la Confédération.

Faut-il exonérer d’impôts  les allocations familiales? 
CONTRE - Rebecca Ruiz, conseillère nationale PS (VD) 

  • Rebecca Ruiz, conseillère nationale PS (VD)

    Rebecca Ruiz, conseillère nationale PS (VD)

Lausanne Cités: Vous êtes une jeune mère de famille et vous ne voulez pas aider les familles. Plutôt étrange. Non?

Rebecca Ruiz: Non, mais je veux que toutes les familles soient aidées. Or, celles qui ne gagnent pas assez pour payer des impôts ne jouiraient pas des déductions. De nombreuses familles ne seraient donc par touchées par l’initiative.

L’initiative propose pourtant des baisses d’impôts qui devraient tout à la fois profiter à la classe moyenne et aux familles modestes. Votre position paraît pour le moins ambigüe...

Pour rendre l’équivalent de deux soirées au cinéma aux familles modestes, le PDC nous impose d’offrir dans le même temps une semaine de ski aux familles aisées. Tout ça pour 1 milliard! Et lorsque, pour compenser ces pertes fiscales, on baissera les subsides aux assurances maladies, on fera des économies dans l’école ou on augmentera les prix des transports publics, ce sera la classe moyenne qui paiera très cher un petit allègement d’impôts.

Mais les familles riches contribuent pourtant grandement à faire fonctionner le système en payant beaucoup d’impôts…

Avec 1 milliard, nous pourrions offrir la gratuité des primes d’assurances maladie aux enfants, mesure qui a finalement été balayée par le PDC en commission. Une telle proposition aiderait toutes les familles et pas seulement celles qui en ont le moins besoin. Et les hauts revenus, qui contribuent en effet au système, ont bénéficié de nouvelles déductions en 2009: pour chaque enfant, forfaitairement, ou encore pour les frais de garde.

Seule solution donc à vos yeux pour aider les familles, augmenter les allocations. En prenant l’argent où?

Ce n’est pas la seule solution. Il faut aussi développer l’accueil de jour des enfants, ou fournir par exemple des abonnements de transports publics gratuits aux enfants comme le fait Lausanne. Mais l’augmentation des allocations familiales serait un véritable apport de revenus supplémentaires pour les familles, surtout pour celles qui tirent le diable par la queue. Le canton de Vaud est à ce titre exemplaire: le financement repose sur un accord avec les employeurs.