Senior alcoolo, toxico, dément, cherche psy

  • Face à l’augmentation des addictions et démences des aînés, des médecins tirent la sonnette d’alarme.
  • En jeu? Favoriser les soins à domicile plutôt que des consultations aux Urgences, déjà saturées.
  • Autre mesure, proposer une formation spécifique à tout le personnel des EMS.

  • La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

    La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

  • La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

    La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

  • Les problématiques de santé mentale chez les aînés sont souvent liées à des dépendances à l’alcool, la toxicomanie ou encore les médicaments. ISTOCK/KATARZYNA BIALASIEWICZ

    Les problématiques de santé mentale chez les aînés sont souvent liées à des dépendances à l’alcool, la toxicomanie ou encore les médicaments. ISTOCK/KATARZYNA BIALASIEWICZ

  • La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

    La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

«Les benzodiazépines ou anxiolytiques ne soignent pas les seniors souffrant de pathologies mentales». Panteleimon Giannakopoulos, médecin chef au service de psychiatrie générale aux HUG

Paul, 85 ans est veuf. Pour noyer sa solitude il boit. Malheureusement trop! Germaine, 78 ans, tourne en rond dans son appartement. Pour faire face au manque de visites, elle prend des benzodiazépines lui permettant de dormir, voire des antidépresseurs pour ne pas sombrer. Hélène, 93 ans, perd la mémoire, n’arrive plus à raisonner, son comportement est agressif, elle n’a plus d’aptitude à réaliser les activités quotidiennes. Elle souffre de démence, vit en EMS et son attitude est parfois difficilement acceptable par les employés et les pensionnaires des établissements médico-sociaux. Eric, 70 ans, quant à lui, fait partie de ces soixante-huitards qui fument toujours des joints, comme s’il avait 20 ans. À la différence que sa santé mentale est aujourd’hui fortement atteinte notamment à cause de ses longues années de toxicomanie. Il erre dans son appartement en buvant des whisky…
L’évolution des troubles psychiatriques de ces seniors inquiète l’Observatoire suisse de la santé, qui, en début d’année, a tiré la sonnette d’alarme: il manque en effet des psychogériatres pour suivre ces aînés laissés pour compte et dont le nombre explose du fait de l’augmentation de la durée de vie.  
 
Des cas en hausse
«Que ce soit à domicile, dans les maisons de retraite ou en EMS, le nombre de troubles mentaux explose, relève le rapport 2015 de l’Observatoire suisse de la santé. Aux pathologies chroniques qui perdurent au-delà de la retraite, comme les dépressions ou psychoses, s’ajoutent maintenant les démences et les addictions. C’est un leurre de penser que la santé mentale des aînés se détériore à cause de l’âge, de la dépression ou de la perte de mémoire. Il devient urgent que des psychogériatres prennent la relève pour soigner à domicile, en EMS ou dans les maisons de retraites. Les hôpitaux sont en effet saturés.»

Hôpitaux plus adaptés
Petit hic cependant, les hôpitaux ne sont pas adaptés face à cette augmentation. Pourquoi? «Les aînés souffrent de polymorbidité, soit de plusieurs  pathologies chroniques, relève Panteleimon Giannakopoulos, médecin chef au service de psychiatrie générale aux HUG. Or, dans la plupart des cas,  ces patients utilisent des traitements de benzodiazépines ou d’anxiolytiques prescrits par des médecins généralistes et arrivent dans des phases critiques à l’hôpital. Leur nombre augmente régulièrement.»
Encombrement dans les hôpitaux
Il est vrai que par manque de médecins spécialisés, les seniors consultent la plupart du temps en urgence à l’hôpital. À tel point qu’en 10 ans, les consultations ont augmenté de près de 25% aux HUG. Dans le canton de Vaud elles ont pour leur part bondi de près de 46%. «À Genève, les admissions aux urgences sont moins importantes que chez nos voisins vaudois, car les seniors en EMS sont suivis par le Centre ambulatoire de psychiatrie et de psychothérapie de l’âgé (CAPPA) des HUG», détaille Nicolas De Saussure, responsable des relations avec les médias et des relations publiques des HUG.

Une unité vaudoise
Dans le canton de Vaud, la problématique est différente, car la politique de l’Etat est de maintenir le plus longtemps possible les seniors à domicile. Dès lors, les résidents en EMS ont tendance à être plus atteints dans leurs santés physiques et psychiques à leur entrée. «Aujourd’hui, la vaste majorité des établissements a développé des unités spécialisées et un savoir-faire en psychogériatrie, psychiatrie de l’âge avancé, voire même en psychiatrie, puisque les EMS n’accompagnent pas que des personnes âgées. Le dispositif est en outre renforcé par des équipes mobiles» détaille François Sénéchaud, Secrétaire générale de l’association vaudoise des EMS. Et de souligner: «Il n’est pas facile de devenir vieux dans notre société axée sur la productivité ou le rendement et les personnes âgées, en particulier à domicile, souffrent de solitude. Les problématiques de santé mentale sont souvent liées à des dépendances à l’alcool, la toxicomanie ou encore les médicaments.»