«Le Coran condamne toutes les violences!»

  • Un Fribourgeois d’origine algérienne entend œuvrer pour rappeler les vrais enseignements du Coran et combattre l’extrémisme. 
  • A l’heure où les attentats de Paris sont encore dans toutes les mémoires, la démarche d’Adda Chentouf crée un véritable engouement. 
  • Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, et la police lausannoise s’y intéressent. Mais pas le Département vaudois de l’éducation!

  • Avec sa démarche, Adda Chentouf entend combattre l’extrémisme. SCHNEITER

    Avec sa démarche, Adda Chentouf entend combattre l’extrémisme. SCHNEITER

  • Ensemble contre la barbarie. dr

    Ensemble contre la barbarie. dr

«L’extrémisme musulman semble se nourrir de l’intolérance occidentale. » Charles Morerod, Evêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

A l’heure où les attentats de Paris sont encore dans toutes les mémoires et le risque de voir de plus en plus de personnes faire un amalgame entre islam et terrorisme, la démarche d’Adda Chentouf prend tout son sens. Ce résident suisse d’origine algérienne, père de cinq enfants, établi en Suisse romande depuis 20 ans, à peine à la retraite, a une idée fixe en tête: rappeler les véritables enseignements du Coran aux musulmans et au grand public. «Il faut redire à tout le monde que le Coran n’admet aucune violence, ni meurtre ou assassinats sur un être humain, quelle que soit sa croyance», explique Adda avec passion.

Une volonté d’ouverture

C’est d’ailleurs en ouvrant son salon accompagné de toute sa famille qu’il souhaite faire mieux connaître sa culture à un maximum de personnes influentes ou non. Récemment, Mgr Charles Morerod lui a rendu visite. Curieux de sa démarche, l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, n’a pas souhaité médiatiser davantage cette rencontre, mais a tenu à témoigner toute sa sympathie envers les actions d’Adda Chentouf: «L’extrémisme musulman semble se nourrir de l’intolérance occidentale. Les chrétiens peuvent donc s’intéresser davantage à la culture musulmane dans un but de cohabitation pacifique». Dans cette même démarche, Gottfried Locher, le président des Eglises protestantes viendra d’ailleurs aussi rencontrer Adda Chentouf ces prochaines semaines.

Devoirs des musulmans

En publiant «Devoirs des musulmans dans leurs pays européens» chez Edilivre, il a donc touché juste. Imprimé à de nombreux exemplaires, ce fascicule a pour ambition d’utiliser des versets du Coran afin de prôner un bon comportement de ses coreligionnaires dans notre pays. Alors que certaines voix affirment que les musulmans devraient s’intégrer en renonçant à la pratique de leur religion, Adda, lui, prouve qu’une intégration pacifiée passe par un respect scrupuleux des enseignements du Coran. Mieux même: il démontre en quoi Daech et ses djihadistes ne sont pas musulmans. Dans son livre, il n’est pas question de grands enseignements théoriques, mais de traiter de la vie quotidienne dans ses moindres détails. Même le comportement de celui qui contracte un leasing y est exploré.

Refus des écoles

Afin de diffuser le plus efficacement possible sa vision de la cohabitation, Adda voulait distribuer son fascicule dans les écoles vaudoises. Une sollicitation qu’a décliné le Département de l’éducation arguant qu’il n’était pas productif de séparer les élèves en fonction de leur confession. Un refus qui ne suffit toutefois pas à le décourager: «Avec tout ce qui se passe dans le monde, il est nécessaire d’expliquer le Coran aux écoliers, quelle que soit leur confession. Il est important de connaître avant de juger».

Sur ce dernier point, la police municipale lausannoise semble totalement en accord. Sa Division proximité et multiculturalité a prévu de le recevoir. Régulièrement au contact avec toutes sortes d’associations et de courants religieux, les policiers sont avides d’outils de dialogue interconfessionnel.

Quant à Adda, il ne compte pas s’arrêter là et veut désormais rencontrer des détenus musulmans, voire des jeunes en phase de radicalisation. Une démarche on ne peut plus en phase avec l’actualité!

Trois questions à Bassam Degerab, porte-parole de la Mosquée de Lausanne.

Comprenez-vous le refus des services d’Anne-Catherine Lyon concernant l’introduction d’un guide sur l’islam à l’école?

Je pense que les médias véhiculent beaucoup d’informations fausses et négatives sur l’Islam et que le rôle de l’école est effectivement d’apporter une information objective sur ces sujets. Cela dit, je comprends que la distribution d’un guide se rapprocherait du prosélytisme. Par contre, j’invite toutes les classes d’école vaudoises à venir visiter la Mosquée. Quelques dizaines de classes viennent déjà chaque année, mais nous aimerions en accueillir beaucoup plus.

Ces visites sont-elles suffisantes pour briser les préjugés ?

Je crois qu’elles permettent de dialoguer ouvertement et de mieux connaître l’autre, ce qui apaise la vision que le public peut avoir de l’islam. Cela dit, nous remarquons que l’intolérance ou la peur provient moins des élèves que des adultes. Les enfants sont moins sensibles aux discours médiatiques et ont souvent un ou plusieurs copains de classe musulmans.

Que faites-vous pour combattre l’extrémisme et prévenir le djihadisme dans la région lausannoise?

Nous sommes très actifs sur ce terrain! Le fait de fréquenter régulièrement une mosquée comme celle de Lausanne est une excellente prévention contre les extrémismes de toutes sortes. Nous collaborons même avec les autorités qui nous adressent des jeunes à risque afin que nous puissions les informer correctement sur les enseignements de notre religion.