Avis d’amiante sur le chantier de Bel-Air

  • Beaucoup de bruits autour du chantier de Bel-Air. dr

    Beaucoup de bruits autour du chantier de Bel-Air. dr

Tous les professionnels de la construction le diront, il n’existe pas de chantier sans quelques incidents et polémiques. Situé en plein centre ville, avec des travaux très conséquents ainsi que des locataires excédés, le chantier de la Tour et du Complexe Bel-Air a, de plus, toutes les caractéristiques pour susciter critiques et rumeurs. Toutefois, les informations récoltées laissent penser que nous sommes loin de l’exemplarité à laquelle on pourrait s’attendre concernant un bâtiment, source d’importantes opérations de communication, et propriété de la plus grande compagnie d’assurance du pays.

Flou et anxiété

Il y a quelques semaines, s’inquiétant de problèmes respiratoires qu’il a depuis qu’il inhale des poussières du chantier, un locataire resté dans l’un des bâtiments en rénovation du complexe, commande une expertise indépendante des toxiques dans son appartement.

Sur plusieurs points de prélèvements, il fait alors la découverte d’amiante chez lui. Très inquiet, il demande à sa régie les résultats du diagnostic amiante qui aurait été effectué dans son logement, mais n’obtient pas de réponse suffisante à son goût. D’ailleurs, contactée par nos soins, la direction du chantier confirme que de l’amiante est encore présent dans des appartements qui ne sont pas rénovés. Pour ceux dans lesquels des travaux se sont déroulés, le désamiantage aurait par contre été effectué dans les règles de l’art. Ceci malgré une multiplication inhabituelle des entreprises de diagnostic, dont une a été écartée lorsqu’elle a proposé d’effectuer un suivi global de tout le chantier. Le propriétaire du bâtiment, contacté par mail, n’a pour sa part pas réagi à ce jour.

Sans se prononcer sur le cas particulier, l’ASLOCA VAUD rappelle qu’il existe un devoir absolu du propriétaire d’informer précisément ses locataires lorsqu’il a connaissance de la présence d’amiante. De plus, le principe de précaution devrait alors s’appliquer et des travaux de décontamination devraient être effectués dès que possible. Des recommandations qui tranchent avec l’idée de ne désamianter qu’une partie des logements d’un bâtiment.

Des risques réels?

C’est la SUVA, en tant qu’organe de contrôle indépendant, qui a effectué le suivi du chantier sur l’amiante. Selon elle, le chantier a dû être partiellement arrêté à plusieurs reprises pour causes de risques trop importants que prenaient les ouvriers. Il s’agirait cependant de mesures de précautions habituelles et régulièrement prises.

Tout récemment, une source anonyme se serait inquiétée d’ouvriers qui se baladaient toute la journée sur un petit rebord de fenêtre, à plus d’une dizaine de mètres de hauteur, sans protection. En cas de chute sur la route, l’issue n’aurait pu être que dramatique. Depuis, des filets de protection ont dû être installés.

Face à cette situation, les syndicats ouvriers tiennent surtout à souligner la situation précaire des employés de ces grands chantiers et la pénibilité auxquels ils sont exposés dans ce cas particulier. «Les ascenseurs historiques n’ont pas pu être utilisés pour éviter de les abimer. Imaginez ce que ça représente de devoir monter des pièces de chantiers par les escaliers, sur 16 étages durant plusieurs semaines!»

Autant d’éléments qui démontrent d’ores et déjà que ce chantier laissera des traces dans bien des mémoires.

L’amiante, du miracle à l’assassin

Longtemps considéré comme un matériau miracle, et même inséré dans des crèmes de beauté, l’amiante a largement été utilisé dans la construction du début du siècle passé. On sait aujourd’hui qu’il est la cause de pathologies respiratoires et de cancers. Puisqu’il n’est pas dangereux pour l’humain tant qu’il n’est pas sous forme volatile, c’est essentiellement lors de chantiers qu’il doit être surveillé et traité. Cela dit, ces opérations représentent généralement plusieurs dizaines de milliers de francs par appartement et la tentation peut être grande pour un propriétaire de retarder les rénovations et de fermer les yeux sur la présence de ces matériaux. Dans ce cas, les locataires s’exposent à d’importants risques en raison de l’usure des pièces ou lors de «travaux de bricolage». La responsabilité du propriétaire pourrait être engagée pénalement s’il était au courant des risques et n’a pas informé ou agi.